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Condamné à la pauvreté perpétuelle

Enorme, colossal, pharamineux, astronomique, démesuré... Les mots manquent tant cela dépasse l'entendement. Les juges du tribunal de Paris n'y sont pas allé de main morte. Ils ont condamné Jérôme Kerviel à trois ans de prison ferme, plus deux années avec sursis. L'ancien trader de la Société Générale devra également rembourser à la banque l'intégralité de ses pertes, soit 4 915 610 154  euros au titre de dommages et intérêts. L'équivalent du PIB d'un pays comme le Bénin, de 390 000 années de Smic ou 40 fois le montant record des gains à l'Euro Millions. Du jamais vu en France pour un jugement qui appelle plusieurs observations.

COMME SI...
Abus de confiance, faux et usage de faux et introduction frauduleuse de données dans un système informatique. Les juges de la 11ème chambre correctionnelle du tribunal de Paris ont reconnu Kerviel coupable des trois chefs d'accusation dont il devait répondre. Le tout sans lui accorder de circonstances atténuantes. L'arrêt rendu est limpide comme de l'eau de roche: le trader est seul coupable, la banque, seule victime. Comme si celle-ci ne pouvait pas ne pas savoir. Comme si Jérôme Kerviel avait agit dans son coin, durant 18 mois, sans qu'aucun de ses supérieurs ne s'en aperçoive. Comme si la SocGen n'avait pas été prévenue par les 70 alertes émanant de son poste de travail. Comme si elle n'avait pas été sanctionnée, en 2008, par la Commission bancaire d'une amende de quatre millions d'euros pour ses contrôles défaillants...

ATTEINTE A L'ORDRE PUBLIC ECONOMIQUE
De tout cela, les juges n'en ont eu cure. Ils ont exonéré la Société Générale de toutes ses fautes, de tous ses manquements. Ils considèrent en effet que la culpabilité de Kerviel résulte "d'agissements multiples et de natures diverses répondant à une stratégie occulte qui lui est personnellement et exclusivement imputable." Dans leur arrêt, les magistrats soulignent par ailleurs que les actes de l'ancien trader ont mis en "péril la solvabilité de la banque" et l'avenir de ses 140 000 employés. "Par leur ampleur, leur spécificité et le contexte de crise dans lequel ils se sont inscrits, ses actes ont incontestablement porté une atteinte à l'ordre public économique international", ajoutent-ils. Ni plus, ni moins.

160 000 ANNEES A REMBOURSER
Une fois ses trois années passées derrière les barreaux, Kerviel devra ensuite rembourser 5 milliards d'euros. Si il continue de percevoir son salaire de consultant informatique, environ 2500 euros par mois, il mettra 160 000 années à s'acquitter de sa dette. Si on y rajoute les intérêts légaux, il lui faudrait travailler éternellement, les intérêts dépassant ses revenus. Aujourd'hui, tout dépend de la Société Générale. La banque peut exiger le paiement de la somme due. Elle peut aussi trouver un arrangement avec son ex-employé. Dans l’immédiat, Jérôme Kerviel a fait appel. Il n’a pas à verser d’argent et n'est donc pas encore débiteur à perpétuité.

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