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Qui sont les censeurs du web ?

Le Canada ou les États-Unis en sont absents. L’Australie, la France et la Corée du Sud y font pâle figure. À l’occasion de sa journée mondiale contre la cybercensure, dont la 4e édition a eu lieu le 12 mars, l’association Reporters sans frontières (RSF) a mis à jour sa liste des pays « ennemis d’Internet ». La France y fait une entrée remarquée dans la catégorie « pays sous surveillance », au coude à coude avec quinze autres pays, dont la Libye, la Malaisie et la Russie.

« Évidemment, la France n’est pas la Chine, ni l’Iran. Il faut garder la mesure de tout cela », a expliqué à l’AFP Lucie Morillon, la responsable du bureau Nouveaux Médias à RSF. « Pour nous, il est important de regarder les pratiques des pays répressifs mais aussi ce que font nos démocraties. Et en l’occurrence il y a un certain nombre de choses qui nous ont inquiétés », ajoute-t-elle.

ANNÉE DIFFICILE POUR LA LIBERTÉ DE LA PRESSE EN LIGNE
Parmi ces « choses », il y a la loi Hadopi concernant la lutte contre le téléchargement illégal, et la loi Loppsi 2 qui instaure un filtrage administratif du web. Derrière leurs visées légitimes, ces deux législations « mettent en place des mécanismes qui peuvent se révéler dangereux pour la liberté d’expression en ligne », souligne Lucie Morillon. RSF déplore aussi le fait que 2010 ait été « une année difficile » pour les journalistes en ligne comme pour leurs sources. L’ONG évoque ainsi le vol des disques durs des reporters de Mediapart et Rue89 qui travaillaient sur l’affaire Woerth/Bettencourt. Ou encore la position des autorités françaises lors de la divulgation des câbles diplomatiques par WikiLeaks.

Aux côtés du Venezuela et de la Lybie, où le régime tente d’instaurer un blackout de l’information en coupant l’accès à Internet, la France fait donc partie des nouveaux entrants sur la liste des pays « sous surveillance ». Elle y rejoint entre autres, l’Australie, dont les autorités ont l’intention de mettre en place un système de filtrage du web, et la Corée du Sud, qui aurait renforcé « la censure de la propagande de son voisin du Nord » et conserverait « un arsenal législatif répressif ».

LES 10 ENNEMIS DU WEB

Un cran au-dessus, les pays les plus répressifs n’ont pas changé depuis l’an dernier. Parmi ces « ennemis d’Internet », on retrouve l’Arabie saoudite, la Birmanie, la Chine, la Corée du Nord, Cuba, l’Iran, l’Ouzbékistan, la Syrie, le Turkménistan et le Viêt-Nam. Selon RSF, ces dix pays conjuguent « filtrage sévère, problème d’accès, traque aux cyberdissidents et propagande en ligne ». Au final, seuls l’Egypte et la Tunisie ont quitté le camp des ennemis du web pour celui des pays « sous surveillance ». « Pour autant, prévient l’ONG, la vigilance s’impose tant que les appareils de censure et de surveillance n’auront pas été démantelés. »

Dans son rapport annuel, Reporters sans frontière estime qu’un internaute sur trois n’a pas accès à un Internet libre. En plus des 26 pays qu’elle a blacklistés, l’ONG considère qu’une soixantaine de pays pratiquerait la censure, sous la forme de filtrage ou de harcèlement des net-citoyens. Enfin, les arrestations de blogueurs et d’internautes se sont maintenues en 2010 au même niveau qu’en 2009, avec 119 net-citoyens détenus pour leurs activités en ligne. Les pays les plus répressifs demeurant la Chine (77 emprisonnés), le Viêt-Nam (17) et l’Iran (11).

Le site de Reporters sans frontière

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